Les Chemins de Damas
est un roman de Pierre Bordage, et le troisième et dernier tome de la trilogie des prophéties, après l'Évangile du Serpent
et l'Ange de l'abîme
. Contrairement à la distance existant entre les deux premiers tomes, ce troisième est directement dans les conséquences du second, et tisse plus de liens avec l'Évangile de l'abîme
que le précédent.
La guerre entre la Grande Nation islamiste et l'Union Européenne chrétienne est finie. Mais les seuls vainqueurs sont les puissances nord-américaines et orientales, qui ont manipulés les deux camps. L'Union Européenne est ravagée, les investisseurs l'ont désertée. Le chômage augmente exponentiellement, élargissant d'autant la fracture entre ceux qui ont encore un emploi, les privilégiés, et ceux toujours plus nombreux qui se retrouvent à la rue. Les gouvernements sont impuissants face aux mafias qui font régner l'ordre dans les bas-fonds, et ne parviennent à contrôler que les mouvements révolutionnaires gauchisants, aux complots fomentés par des privilégiés ayant des remords. Ils sont victime des luttes de pouvoir de mouvements religieux, comme les évangélistes, qui ont supplanté l'Église romaine après la guerre.
Jemma fait partie de ces privilégiés qui ont encore un emploi. Elle est divorcée, vit dans une résidence sur-protégée dans Paris. Elle a de la chance, elle le sait, elle vit plutôt bien. Mais tout s'arrête quand sa fille Manon disparaît, comme des milliers d'enfants avant elle. Quand Luc, mystérieux journaliste qui enquête sur ces disparition la contacte, elle décide de le suivre dans un voyage vers l'Orient, via des filières clandestines, pour aller vers Damas, où se trouverait une prétendue armée des enfants
.
En parallèle se tisse une trame constituée de multiples récits, de tranches de vie à tous les niveaux de la nouvelle société européenne, de bouts de révolte, de misère, de violence, d'espoir, de désespoir. Des destins liés, qui transcendent les catégories sociales, du SDF à l'ancien général, de la secrétaire de police impliquée dans un mouvement révolutionnaire au jeune désespéré candidat au suicide dans le métro.
Ici encore, Bordage ne se préoccupe pas de la sensibilité de ses lecteurs lorsqu'il s'agit de décrire l'horreur et la violence. Mais c'est probablement un élément essentiel de la vision de ce monde en loque que Bordage nous montre, de ce monde vers lequel nous allons peut-être. À lire d'urgence, à la suite des deux tomes précédents !