Résumé des épisodes précédents : le projet de loi DADVSI devait, en décembre 2005, transposer une certaine directive européenne, la directive EUCD. Cette directive propose une sorte de légalisation des DRM, et la transposition des atteintes graves à la copie privée, ainsi qu'à l'existence des logiciels libres. Mais :

  • 20 au 22 décembre 2005 : les députés votent à l'Assemblée Nationale différents amendements, dont la fameuse licence globale optionnelle. Le ministre de la culture Renaud Donnedieu de Vabres interrompt l'examen de la loi, et décide de reporter cet examen en mars 2006, pour permettre aux groupes parlementaires de se faire des positions communes sur le sujet.
  • Mars 2006 : examen du projet de loi à l'Assemblée Nationale. Le texte est entièrement revu, l'amendement de la licence globale optionnelle est supprimé. Globalement, les groupes parlementaires de gauche sont plus favorables à la licence globale optionnelle et aux clauses sur l'interopérabilité. Ils sont rejoints par certains députés de l'UMP, dont Bernard Carayon et Richard Cazenave. Mais le gros de l'UMP défend un verrouillage plus important par les MTP, et la riposte graduée : un système de répression supplémentaire.

    Le texte va suivre majoritairement la voie des députés UMP (de part leur majorité), mais un amendement sur l'interopérabilité va tout de même être voté à l'unanimité, dans un instant de grâce parlementaire. Plus de détails : le point sur DADVSI.

  • Mai 2006 : le texte passe au sénat. Il y est complètement démoli. Les quelques avancées sont supprimée, notamment cet amendement sur l'interopérabilité, remplacé par une instance chargé de veiller dessus, quelque choses dont tout le monde sait pertinemment que l'efficacité sera nulle. Un moment, on crois que le ministre de la culture va tenir sa promesse : les textes de l'assemblée nationale et du sénat divergent trop, il faut une seconde lecture. Mais non, le gouvernement en décida autrement.

Car de seconde lecture il n'y en aura pas. Alors que l'UFC rappelle que l'interopérabilité est un droit légitime, le Premier Ministre refuse de rencontrer Richard M. Stallman à propos de la loi DADVSI. Et puis, peut-être en profitant d'une déclaration sujette à interprétation de Bernard Carayon, le gouvernement décide de convoquer une commission mixte paritaire pour examiner la loi.

Cela signifie que, au lieu d'être rediscutée à l'Assemblée Nationale, la loi va être discutée par un groupe restreint de personnes, composée de moitié de sénateurs et de députés. Comme l'explique Christian Paul, la composition de la commission a été judicieusement choisie : Aucun des Umpistes éclairés(sic) n’a été qualifiés. Ces derniers ont beau réaffirmer dans une lettre ouvert leur attachement à l'interopérabilité, rien y fait.

Mais la commission mixte paritaire s'avèrera être ce qu'on pouvait en attendre de la part de notre gouvernement : un instrument chargé de la validation du projet de loi, sans aucune tentative de dialogue. Les parlementaires socialistes et verts, voyant cela, vont quitter la commission trois quart d'heure après le début. Voir le billet de Christian Paul : Parodie de démocratie et l'annonce de l'initiative EUCD.info : CMP : l'opposition quitte la réunion.

Les conséquences sur le texte (en gros il s'agit du texte du sénat remanié) sont expliqués plus en détails dans cet article du NouvelObs : DROITS D'AUTEUR - Le texte adopté par les seuls UMP en CMP. On peut en retenir ceci :

En revanche, la CMP a décidé qu'il reviendrait à une Autorité de régulation indépendante de trancher les litiges sur l'interopérabilité. Cette instance avait été créée par le Sénat.

Cette "Autorité" aura plus de pouvoir que dans la version du Sénat [...]. Seulement voilà : elle ne pourra être saisie que par des entreprises (éditeurs de logiciels, exploitants de service...) et pas par les consommateurs ou associations de consommateurs.

Article du NouvelObs du 22/06/2006

(Emphase mise par moi-même.)

L'orientation du texte est clairement affichée. Désormais, le projet de loi doit encore être approuvé par les deux chambres du parlement, vraisemblablement le 30 juin, jour de fin de la session parlementaire. De plus, le PS a déjà annoncé qu'il saisirait le conseil constitutionnel.

En attendant, vous pouvez toujours participer à des actions pour montrer votre désaccord avec les DRM, les MTP et le projet de loi DADVSI en vous rendant sur StopDRM.info.

Édition :

Monique en parle aussi : Loi DADVSI, la situation est grave. Et elle nous fait découvrir deux liens : la lettre ouverte et le blog Le droit d'auteur est mort, vive le droit d'auteur de Michaël Goldberg (auteur, compositeur, interprète et membre de la SACEM).

Édition du 23 juin 2006 :

L'initiative EUCD.info détail les points négatifs du texte de la commission mixte paritaire : Que fait le DADVSI.

Édition du 30 juin 2006 : la loi telle qu'écrite par la commission mixte paritaire viens d'être votée.