Dans la jungle des villes est un pièce de théâtre de Bertolt Brecht. Mais il ne s'agit pas là d'une comédie ou d'une tragédie. A la rigueur peut-être une tragédie, dans l'action que l'on peut discerner derrière l'oeuvre, mais ce n'est pas vraiment flagrant. Il s'agit d'un chef d'oeuvre d'absurdité. On navigue perpétuellement entre l'incompréhensible et le fil du récit.

C'est comme quand on lit un texte dans un langue étrangère que l'on ne maîtrise pas trop. Des mots défilent, sans que l'on comprennent vraiment leur signification, mais souvent une phrase ou un morceau de phrase nous raccroche à l'intrigue. On ne comprend pas tout, et pourtant un sens se construit.

Ici c'est la même chose, sauf que tout les mots sont en français, que les phrases prises une par une ont généralement un sens identifiable, mais qu'un paragraphe n'en a aucun. Et tout de même, une histoire se dégage de cette ensemble, une histoire à laquelle on s'accroche, peut-être à cause de cet environnement de mots illogique.

Un exemple : la quatrième de couverture, en fait un extrait du livre.

Nous ne sommes pas libres. Ca commence le matin avec le café et avec des coups, quand on est un singe, et les larmes des mères salent le repas des enfants, et leur sueur leur lave la chemise, et on est en sécurité jusqu'à la période glaciaire, et la racine se tient dans le coeur. Et a-t-il terminé sa croissance, et veut-il faire quelque chose à fond, alors il est payé, initié, estampillé, vendu au prix fort, et il n'a même pas la liberté de sombrer.

Pour les amateurs du genre, c'est un chef d'oeuvre. Je ne comprend toujours pas comment l'auteur arrive à intéresser le lecteur avec un assemblage si disparate de mots...